DISCRIMINATIONS LIÉES AU GENRE DANS L'ACCÈS À LA FINANCE
Accompagner et structurer les entreprenneures à tous les maillons des chaînes de valeur agricoles africaines est une question de bon sens. Aujourd'hui, les femmes dominent le secteur agricole africain, qui représente le secteur économique le plus important du continent. Il est estimé que dans 89% des pays africains, l’offre d’emplois salariés est insuffisante pour absorber la demande dans le secteur agricole. L'entrepreneuriat représente une solution à la question de l’emploi et dispose par conséquent d’un potentiel énorme encore sous exploité.
Les femmes africaines sont d’ailleurs celles qui entreprennent le plus, avec 24% d’entre elles impliquées dans une activité entrepreneuriale (Roland Berger, 2019). Elles représentent donc un effet de levier qui ne peut pas être négligé. En Afrique sub-saharienne, ce sont d’ailleurs les seules à entreprendre plus que leurs homologues masculins à travers le Monde. (WorldBank, 2019).
Pourtant, un écart existe entre les hommes et les femmes dans l’accès aux services financiers pour entreprendre dans le secteur agricole . Près d’une femme sur 5 dépend du capital de son mari pour lancer son business (World Bank, 2019).Plusieurs facteurs peuvent expliquer cet écart, par conséquent les identifier est primordial pour y remédier et c’est un des objectifs du programme Bankability de LadyAgri.
Le principal facteur réside dans l’invisibilité des femmes par rapport à l’offre de services financiers . Le rôle que jouent les femmes en tant qu'agents économiques est largement occulté par le fait qu’en Afrique, la majorité d'entre elles travaillent dans le secteur informel où leur contribution n'est pas correctement quantifiée ou mesurée (ILO, 2019).
Les nombreuses idées fausses concernant la place des femmes dans les chaînes de valeurs agricoles comme celles selon lesquelles, elles ne seraient présentes qu'au stade de production ou au niveau des petites et des micro-entreprises, ont pour résultat un manque d’offres financières appropriées pour les femmes opérant aux niveaux des autres maillons des chaînes agricoles ou à la tête d’entreprises plus importantes. Cette invisibilité a des répercussions sur le potentiel de développement des entreprises tenues par des femmes qui, à titre illustratif, attiraient 6 fois moins de capitaux d'investissement que les entreprises dirigées par des hommes (World Bank, 2019).
Le manque de garantie nécessaire pour obtenir un prêt est également une raison de la difficulté des femmes à accéder à des services financiers. En moyenne, les femmes africaines possèdent moins d'actifs que les hommes. A l’échelle mondiale, c'est en Afrique, surtout subsaharienne, qu’on recense le plus de limites légales et culturelles concernant le droit de propriété des femmes (World Bank, 2020). Ces discriminations se manifestent par un accès limité à la terre, à l’héritage familial, aux biens immobiliers, etc. La méfiance des institutions financières à l’ égard des femmes leur impose des garanties plus importantes, pour un prêt de même montant, que les hommes. Combinées à des taux d'intérêt, particulièrement élevés sur le continent africain, les exigences actuelles en matière de garanties peuvent entraver la capacité des entreprenneures à se développer économiquement.
Un autre facteur pouvant expliquer l’accès plus difficile pour les entreprenneures aux services financiers est leur plus faible niveau d'éducation. Selon la WorldBank, en Afrique, les jeunes femmes ont plus d'une fois et demie moins de chances que les jeunes hommes de suivre un enseignement ou une formation (World Bank, 2019). Savoir lire et disposer d’une éducation financière de base sont évidemment des facteurs déterminants pour accéder à la possibilité d’obtenir un prêt.
Enfin, une étude menée par la Banque Africaine de Développement (AFDB), en 2019, à travers 47 pays africains, a mis en avant la tendance des femmes à s’auto-exclure des services financiers parce que celles-ci jugent leur propre solvabilité bancaire insuffisante pour approcher les banques.
C’est pour toutes ces raisons, que LadyAgri via la mission de Bankability, s’engage à encourager les femmes à approcher les institutions financières et à créer un écosystème favorable à l'émergence de l’entreprenariat féminin soutenu par le secteur financier. En renforçant la confiance et la compréhension du système bancaire des femmes entreprenneures actives dans les chaînes de valeur agricole, LadyAgri œuvre pour le développement économique, la sécurité alimentaire et l’autonomisation des femmes .